- Architecte
- Gillet Jacques
- Date de réalisation
- 1967
- Date de fin de réalisation
- 1968
- Typologie
- Habitation unifamiliale
- Maître d'ouvrage
Jacques Gillet
- Adresse
- Rue de la Belle-Jardinière 314A, 4031 Liège
- Réf bibliographique
ROUELLE, André et VAN ROOYEN, Xavier (dir.), Jacques Gillet, architagogue du fantastique, Collection Archidoc, Liège, Groupe d’ateliers de recherche, École supérieure des arts de la ville de Liège, 2022.
- État du projet
Projet réalisé
- Fonds d'archives
- Antoine Jacques (1943)
- Description du dossier
Dossier complet comprenant plans, photographies, documents administratifs, correspondances personnelles ainsi que dessins de mobilier.
- Auteur, date de la notice
- Xavier Van Rooyen, 2025
Maison-sculpture
L’œuvre de l’architecte Jacques Gillet incarne la pensée de la mouvance organique du milieu du XX° siècle. Influencé par ses libermeisters, Louis Sullivan, Frank Lloyd Wright et Bruce Goff, Gillet exprime une volonté de s’éloigner de la vision de reconstruction d’après-guerre, marquée par la nécessité de penser l’habitat pour le plus grand nombre portée par le Mouvement Moderne et des architectes structuralistes des années 1960. À l’inverse, la pensée organique de l’architecte liégeois s’oppose à l’idéologie d’une architecture de masse, en se concentrant sur la conception d’une architecture singulière, dont le seul but est d’ « émouvoir par le jeu de mille incidences qui provoquent, excitent, secouent, illuminent l’âme et la réveille ». Cette vision trouve une parfaite illustration dans la Maison-Sculpture, conçue pour le frère de l’architecte. Cet habitat se compose de quatre zones distinctes – les espaces pour les parents, les enfants, le bureau, et enfin la cuisine et la salle à manger – reliées par des chemins de circulation qui imitent une déambulation, rappelant les paysages naturels de Dordogne, explorés par Gillet. Cette rampe unifie le parcours, guidant l’habitant à travers l’espace. Les formes, loin des boîtes tant critiquées par Gillet, évoquent plutôt un enchevêtrement de rochers, comme s’ils avaient toujours fait partie de l’environnement boisé au sein duquel le projet prend place. La matérialité extérieure en béton projeté, réalisée grâce à la technique du gunitage, présente une rugosité sur laquelle la mousse s’accroche, renforçant ainsi l’expérience d’une « architecture sauvage » dont la perception directe renvoie le spectateur à une expérience spatiale inédite issue d’un imaginaire collectif partagé où le corps et l’esprit sont conviés : habiter une véritable maison-sculpture. À l’intérieur, l’isolation en polyuréthane projeté, dont la teinte orangée s’est développée au fil du temps par décoloration, accentue la perception immédiate de l’espace qui ne cherche pas à se dissimuler, mais s’exprime ici brutalement. Le chantier a été conçu comme une expérience collaborative, à laquelle ont participé Félix Roulin et René Greisch, ainsi que des étudiants qui, par leur implication, ont joué un rôle de concepteurs-constructeurs. Aujourd’hui, l’habitation a été transformée en un bureau d’ingénieurs-conseil, mettant en évidence le potentiel d’une architecture singulière, capable de s’adapter à d’autres programmes tout en offrant une expérience spatiale marquante.