- Architecte
- Comblen Paul
- Date de réalisation
- 1900
- Date de fin de réalisation
- 1902
- Typologie
- Habitation unifamiliale
- Maître d'ouvrage
Paul Comblen
- Adresse
- Rue des Augustins, 33 - 4000 Liège
- Réf bibliographique
MOOR, Thomas, Paul Comblen (1869-1955). De l’Art nouveau au pré-modernisme. Un architecte à la croisée des influences, mémoire en histoire, Liège, Université de Liège, 2001.
- État du projet
Projet réalisé
- Fonds d'archives
- Comblen Paul (1869-1955)
- Description du dossier
Le dossier comporte 15 liasses reprenant notamment des nombreux dessins concernant le mobilier, les commandes de pierres, les ferronneries, les menuiseries intérieures et extérieures… Le dossier comporte également plusieurs plans et coupes du rez-de-chaussée. L’ensemble des factures figure également dans le dossier et constitue une source précieuse sur le paysage de l’artisanat local à la charnière des XIXe et XXe siècles.
- Auteur, date de la notice
- Thomas Moor, 2025
Jouissant de la propriété, sise rue des Augustins à Liège, du médecin et administrateur des hospices civils de Liège Jules Blanpain – le père de son épouse Alice Blanpain – l’architecte Paul Comblen décide de réaliser un logis familial (maison à rue et atelier en fonds de jardin) conforme à ses conceptions architecturales : depuis son passage comme stagiaire en 1895 à l’atelier de Paul Hankar, dont il est devenu proche, il est acquis à la cause de l’Art nouveau. En 1901, peu de temps après le décès de son maître à penser, Comblen se rend à l’exposition inaugurale de la colonie d’artistes de Darmstadt (Mathildenhöhe, aujourd’hui site UNESCO), à la recherche de modèle d’habitat nouveau. Particulièrement intéressé par la maison que l’architecte autrichien Joseph Maria Olbrich y réalise, il va, de retour à Liège, appliquer sa technique de recouvrement de façade : un enduit de couleur blanche, technique décorative déjà employée par l’architecte viennois pour le pavillon de la Sécession Viennoise en 1898-1899. Témoin de la précocité de ces échanges artistiques transfrontaliers, la maison Comblen apparaît rétrospectivement comme l’une des premières manifestations en Belgique des apports de la tendance germanique de l’Art nouveau, le Jugendstil. L’aménagement intérieur fait par contre référence au langage stylistique de Hankar. Le travail du bois, en particulier dans la salle à manger rappelle, celui de l’Hôtel Albert Ciamberlani, exécuté par Hankar en 1897. Comblen dessine dans les moindres détails l’arrangement de son habitation – ce dont témoigne les nombreux plans conservés, certains à l’échelle 1:1 – dans une quête d’œuvre d’art totale : des agrafes de tenture du rez-de-chaussée au poêle à gaz du fumoir (disparu), en passant par les peintures au pochoir et les vitraux de l’habitation. Particularité remarquable, Paul Comblen développe avec des artistes un volet décoratif ambitieux, appartenant à l’esthétique du symbolisme et empruntant à la mythologie du dieu Pan, de la Nymphe et des sirènes, en s’adjoignant la collaboration sculpteur liégeois Oscar Berchmans (bas-reliefs, lave-mains, sgraffite), ainsi que du peintre suisse Jacques Jacobi (grande toile de la cage d’escalier), un ancien collaborateur de l’architecte et décorateur Gustave Serrurier-Bovy. La maison traverse presqu’intacte le xxe siècle, gardant à l’abri des regards, dans une cache secrète sous l’escalier, les archives personnelles que l’architecte a placé dans les années 1930, un ensemble documentaire exceptionnel (dont les plans de la maison) qui sera retrouvé fortuitement par ses descendants. La maison est classée comme monument en 1987 (intérieur et extérieur), figurant ensuite depuis 2006 sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie. Ses façades ont été restaurées en 2007 par l’architecte Alain Dirix, qui a également restitué, sur base des plans originaux, les sols en granito et garde-corps en fer de la cage d’escalier.