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Le 28 juin 1902, un incendie éclate dans le quartier Saint-Léonard. Le feu prend naissance dans un grand magasin de bois et s’étend rapidement dans la rue Marengo jusqu’à atteindre La Renommée, une salle de bal bien connue des Liégeois à la fin du XIXe siècle.

La disparition de la salle laisse un grand vide dans le paysage culturel liégeois et, très rapidement, la reconstruction d’un nouvel édifice est envisagée au même endroit mais sur une parcelle plus grande. En 1903, un concours est organisé. La première épreuve réunit trois architectes et la seconde n’en compte plus que deux. Arthur Snyers, architecte bien connu à Liège propose un projet qui ne présente guère d’originalité. L’ensemble se compose de deux salles éclairée par une toiture largement vitrée. Les façades en briques rouges s’inscrivent dans un éclectisme de bon ton. Le projet lauréat du concours, signé Paul Jaspar, se veut bien plus moderne, en particulier dans la mise en œuvre du béton armé. Dans son autobiographie, rédigée peu avant sa mort, Jaspar se souvient : « La Renommée, rue Laport, avait 3000 m² de superficie […]. Entièrement érigée en béton armé, sans une seule pierre de taille. La salle était couverte par trois voûtes sphériques de 15,60 m de portée, chacune n’ayant que 0,11 mètre d’épaisseur à la clé. Les coupoles s’appuyaient sur des arcs reportant la charge en des points isolés et permettant l’établissement de galeries au pourtour de la salle. »^. Pour réaliser l’édifice, Jaspar fait appel à un bureau d’ingénieurs spécialisé dans le béton armé : l’entreprise Perraud & Dumas de Bruxelles. Inauguré en 1904, le bâtiment suscite l’enthousiasme de la presse qui y voit une prouesse architecturale. La revue belge L’Émulation précise au sujet de la résistance du béton : « L’épaisseur des trois coupoles est, toutes proportions gardées, plus légère qu’une écaille d’œuf : elle est de 11,5 centim. La résistance est plus forte que celle que réclament les règlements communaux et le bâtiment est sorti victorieux de deux épreuves qui ont été imposées. À la deuxième épreuve, la flèche qui peut atteindre jusqu’à le six centième de la portée, n’a pas atteint le millième ! » Il est à noter que les façades sont décorées de bas-reliefs signés par Oscar Berchmans. Le bâtiment est abandonné au lendemain de la guerre et démoli en 1938.